samedi 3 janvier 2009

David Thompson, l'homme qui scorait sur la lune


Il était et restera l’oiseau rare, le genre de joueur ou de personne qui peut vous faire croire que l’homme peut voler. David Thompson. Non pas le milliardaire, mais le gas que l’on surnommait « Skywalker », un scoreur absolu, un dunkeur légendaire, une détente sidérante, un parcours tragique… Histoire d’un homme qui a côtoyé les étoiles.



J’avais le talent, les capacités pour devenir l’un des plus grands joueurs de basket. J’ai échoué ». A entendre cette triste conclusion, on ne peut se douter que des choses sont arrivée à ce mystérieux David. Mystérieux, parce qu’on entend plus parler des Dr J, Wilkins, et autres MJ, légendes du dunk. Mais ce que beaucoup ne savent pas, c’est que le véritable pionnier de cet art, est et restera toujours David « Skywalker » Thompson modestement charpenté en atteignant à peine le mètre 93. Tout était « aérodynamique » chez lui. Sa manière de scorer, en restant des heures en l’air et permettant aux spectateurs d’aller chercher un café avant le tomar. Sa détente restera la plus défrisante. Il tâtait le mètre 44 de voltige et personne jusqu’à aujourd’hui n’a montré la capacité de détacher une pièce du haut de la planche comme l’a fait un jour Thompson lors de ses jeunes années à l’université. Une carrière aussi intense que courte puisque les démons de l’originaire de Caroline du Nord ressortiront, envahi par la dépendance à la drogue. La carrière de Skywalker se terminera bien tristement.

Vous me direz stéréotype du joueur qui a vécu dans la misère, et bien oui. L’enfance de David sera une des causes de la chute du voltigeur dans les stupéfiants. Le futur prodige vit dans une sorte de cabane aux abords de Charlotte. Le basket lui sert de refuge, et le gamin ne passe donc pas inaperçu du côté des collèges et lycées du coin. Dans les années 70, Thompson carbure dans son université de North Carolina State et son avenir est déjà tracé. Le turbo est lancé dès son année sophomore, en guidant le Wolfpack à une saison parfaite (27-0). Mais cette année-là, NC State n’est pas éligible au tournoi NCAA. Il se venge l’année suivante en éliminant le champion en titre UCLA, jugé intouchable et emmené par Bill Walton, en demi-finale, avant de battre Marquette en finale. C’étaient les années folles de David, ses qualités physiques étaient à son comble. Tandis qu’il multipliait les défis de hauteur, son coéquipier Monte Towe lui balançait les balles pour que le highflyer en chef les écrase violemment dans le cercle. Le dunk était interdit, mais vous savez bien, le ciel était sa limite … Question Awards, le marsupilami se gavait déjà, deux fois élu College Player Of The Year, MOP du Final Four lors de son sacre, trois fois dans le All American Team … NBA quand tu nous tiens…,


Mais à l’époque, la NBA n’avait pas le monopole du basket professionnel, l’ABA, la ligue concurrente, lui disputait férocement les joueurs dans leur draft respectives. Thompson sera sélectionné en première position de la draft 75 par les Atlanta Hawks de NBA, et par Virginia en ABA. Cette dernière sera choisie par Thompson avant qu’il ne soit échangé à Denver dans un trade à cinq joueurs. En ABA, « Skywalker » prend son envol des plus spectaculaires, avec 26 points de moyenne lors de son année de rookie, MVP d’un All Star Game organisé entre la première équipe du championnat, Denver, et d’autres stars sélectionnées dans les autres équipes. Thompson plante 12 de ses 29 points dans le dernier quart-temps et mène Denver à la victoire 144-138. Le trophée lui revient de droit, celui de Rookie Of The Year aussi. On sait ça fait beaucoup pour une première année. Mais quand l’oiseau guide son équipe en finale dès sa première année, qu’il livre un duel incroyable à des quarantaines de points face à Julius Erving, il y a de quoi se poser des questions sur l’avenir de joueur après seulement une année au sein de la ligue. La saison suivante, notre David continue de bluffer le monde de la balle orange. Année historique puisque Denver rentre en NBA. La marche est haute, mais pas pour le gamin à peine âgé de 22 années. Affolant les défenses, scorant comme il respire, explosant les feuilles de stats avec ses 25,9 points de moyenne, démolissant la légende Bill Walton sur un poster traumatisant n’importe quel joueur. Cette année-là, l’oiseau du Colorado éblouit et révèle au monde son jeu spectaculaire, tout en haute altitude. Tous les gamins du monde, tout le monde est derrière cette athlète extraordinaire aux mensurations modestes mais aux jambes de feu. Les votes pour le All Star le prouvent puisque Thompson rafle direct la première place. Mais Bill Walton met un bémol à sa première saison, en se vengeant en demi-finale de conférence, éliminant les Nuggets en six matchs, avant d’offrir à ses Blazers le seul titre de leur histoire.

On retiendra surtout une chose de la saison 77-78, mais à la grande surprise de tout le monde, ce fut lors de la dernière journée, le 9 avril 1978, que Thompson explosera tous les compteurs de la ligue. Il scora 73 points pour choper la couronne du top scoreur. Pas de chance, « The Iceman » George Gervin passe derrière l’homme aux 144 centimètre de détente en scorant 63 points et raflant le titre de quelques centièmes de points. C’est à ce moment là que Thompson scora 32 points en un quart-temps, battu par Melo qui en scora 33 comme Gervin l’avait fait le même soir.

Mais après tous ces honneurs, les ennuis commencent dès la saison suivante pour notre oiseau préféré. Retards à l’entraînement, manque de concentration, les rumeurs sur le melon que le joueur aurait pu prendre après son nouveau contrat (4 millions sur cinq ans, record de l’époque) abondent. Skywalker continue pourtant ses exploits, gagnant le titre de MVP du All Star Game, devenant le seul joueur de l’histoire à choper ce trophée dans les deux ligues différentes.


Les années 79 à 82 amorcent de la descente d’une légende. Blessé au talon lors de la saison 79-80, il effectue un gros come-back la saison d’après avec 25 points de moyenne. Mais les ennuis recommencent, l’année 80-81 est la saison de trop. Thompson est absent, séchant les entraînements, son entraîneur l’expédia d’abord sur le banc puis à Seattle à l’intersaison. Chez les Sonics, l’oiseau perd de la hauteur. Son faible retour en 83 n’arrange rien, l’homme a sombré dans la drogue. Le staff décide de faire quelque chose et l’ex-Skywalker rentre en cure de désintoxication. Multipliant encore et encore les come-backs pendant des années, à 30 ans, David n’a plus son jump, plus ses jambes, plus son corps, complètement assiégé par les blessures. Sa carrière s’arrête ici.

En 1988, le staff des Charlotte Hornets lui propose un poste de directeur des relations avec la communauté. Trois mois plus tard, l’homme aux 144 centimètres de détente rechute dans la drogue, avant de se ressaisir et de retourner à NC State obtenir son diplôme de sociologie. Il l’avait promis à sa fille. Ainsi se finit une carrière aussi riche et intense que courte. « J’ai voulu arrêter complètement, mais je n’ai pas eu la force » avoua David. Voilà comment la drogue peut gâcher une carrière aussi magnifique que celle du seul joueur qui aurait pu dunker dans les nuages …

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